vendredi 5 septembre 2025

Micro-entrepreneurs : les livreurs et les conseils en gestion à la peine


Une étude récente de l'INSEE révèle un triste constat sur la pérennité des micro-entreprises immatriculées en 2018 : seulement 28 % sont encore actives cinq ans plus tard. Ce chiffre, qui représente moins de trois micro-entrepreneurs sur dix, est bien inférieur à celui des autres statuts juridiques. À titre de comparaison, le taux de pérennité à cinq ans est de 63 % pour les entreprises individuelles classiques et de 71 % pour les sociétés.

Néanmoins, bien que modeste, ce bilan montre malgré tout une amélioration par rapport à la cohorte de 2014, dont seuls 22 % des micro-entrepreneurs étaient encore en activité après cinq ans. Cette progression est en partie liée au doublement des plafonds de chiffre d'affaires en 2018, qui a encouragé des projets plus ambitieux à se lancer sous ce régime.

Le secteur d'activité, un facteur déterminant

La pérennité d'une micro-entreprise dépend fortement de son secteur d'activité. L'étude met en lumière des disparités importantes.

  • Les secteurs en difficulté : Le commerce et le conseil de gestion affichent des taux de survie particulièrement bas, avec respectivement 22 % et 17 % d'actifs après cinq ans. Mais c'est le secteur de la livraison qui détient le plus faible taux de pérennité, avec seulement 6 % des micro-entrepreneurs toujours en activité au bout de cinq ans. Cette tendance s'explique en partie par une forte dépendance aux plateformes numériques et une collaboration qui tend à diminuer avec le temps.

  • Les secteurs les plus stables : À l'inverse, la santé humaine se distingue avec un taux de pérennité qui atteint 50 %. L'industrie (43 %), les services aux ménages (41 %), la construction et l'enseignement (36 %) affichent également des performances supérieures à la moyenne. L'analyse de l'INSEE confirme que le secteur d'activité est le facteur le plus influent sur les chances de survie d'une micro-entreprise, devant les caractéristiques personnelles de l'entrepreneur.

Les caractéristiques de l'entrepreneur influencent le succès 

L'étude révèle que les femmes ont une probabilité de survie de leur entreprise 1,2 fois plus élevée que les hommes. Cette différence s'explique en partie par leur surreprésentation dans les secteurs les plus pérennes, comme la santé humaine ou l'enseignement.

L'âge joue également un rôle crucial : la pérennité augmente avec l'âge jusqu'à 60 ans. Les quinquagénaires affichent le taux le plus élevé (39 % d'actifs à cinq ans), tandis que les moins de 25 ans peinent à subsister (13 %).

L'expérience et l'investissement sont d'autres facteurs clés. Les micro-entrepreneurs dont l'activité correspond à leur métier principal ont un taux de survie plus élevé. De même, un investissement initial, même modeste (plus de 500 euros), augmente significativement les chances de succès.

Pour 65 % des micro-entrepreneurs, leur activité est leur unique source de revenus

En plus, ce groupe affiche un taux de pérennité à cinq ans de 30 %. En revanche, ceux qui exercent leur activité comme complément à un emploi à temps plein sont moins nombreux à perdurer (18 % d'entre eux). Ces projets, souvent lancés pour tester une idée ou générer un revenu d'appoint, ont moins vocation à devenir des entreprises à part entière.

Un revenu annuel moyen de 10.000 € (60 % du SMIC)

Le chiffre d’affaires moyen des micro‑entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2018 et encore actifs fin 2023 s’établit à 20.000 euros en 2023 et le chiffre d’affaires à 12.000 euros.

La moitié des micro‑entrepreneurs ont un chiffre d’affaires compris entre 3.000 et 28.000 euros. Le ratio entre revenu d’activité et chiffre d’affaires est estimé à 53 % en moyenne, à partir des abattements représentatifs des frais professionnels réalisés par la DGFiP, soit un revenu annuel de 10.000 euros, équivalent à 60 % du SMIC net annuel.

Les secteurs les plus lucratifs sont l’hébergement-restauration avec 29.000 euros de chiffre d’affaires moyen en 2023, la construction (28.000 euros) et les activités immobilières (26 000 euros). Tandis que les moins rémunérateurs sont les transports et l’entreposage (11.000 euros) et les services aux ménages dans leur ensemble (15.000 euros).

Source : Insee Première, no 2069, 3 septembre 2025