samedi 27 septembre 2025

Cabinets d'avocats : votre nouvelle convention collective entre en vigueur le 1er octobre prochain

Après plus d'un an d'attente, l'arrêté d'extension de la nouvelle Convention Collective Nationale unifiée des cabinets d'avocats est paru au Journal Officiel de ce 26 septembre 2025. En conséquence, l'application de cette nouvelle CCN va devenir obligatoire à partir du 1er octobre prochain.

Cette nouvelle convention, désormais référencée sous l'IDCC 3253, remplace les anciennes IDCC 1000 et 1850.

Notons néanmoins que deux points restent encore en suspens :

  • Santé et Prévoyance : La question de la santé et de la prévoyance collective dans le cadre de cette nouvelle CCN n'est toujours pas tranchée à l'heure actuelle.

  • Référencement Légifrance : La CCN unifiée n’est pas encore référencée parmi les "accords de branche et conventions collectives" sur le site de Légifrance. En attendant cette parution, un résumé de ses principales dispositions vous est proposé ci-dessous.

    Texte officiel : Arrêté d'extension du 18 septembre 2025, J.O. du 26


Résumé des principales dispositions de la convention collective des cabinets d'avocats du 21 juin 2024 (IDCC 3253) entrée en vigueur le 1er octobre 2025 (Arrêté d'extension du 12 septembre 2025, J.O. du 26).

 

Champ d'Application

La convention collective est à portée nationale et régit les relations de travail :

  • Entre les cabinets d'avocats, leur personnel non-avocat et les avocats salariés.

  • Entre les organisations ordinales et professionnelles des avocats et leurs personnels salariés qui ne sont pas couverts par une autre convention étendue. Elle s'applique aux entités employeuses concernées, quel que soit leur effectif.


Contrat de Travail et Période d'Essai

Contrat de Travail

  • Toute embauche doit faire l'objet d'un contrat de travail écrit.

  • Le contrat de l'avocat salarié est régi par le Code du travail, la convention collective, la loi du 31 décembre 1971, le décret du 27 novembre 1991, et les principes essentiels de la profession d'avocat.

  • Le contrat d'avocat salarié doit être conforme au règlement intérieur national de la profession et doit être transmis au conseil de l'ordre du barreau d'inscription dans les 15 jours de sa signature, pour contrôle.

Période d'Essai (CDI)

  • La période d'essai et son renouvellement doivent être expressément stipulés par écrit.

  • Durées maximales initiales :

    • 1 mois pour le personnel employé (coefficient < 300).

    • 2 mois pour le personnel agent de maîtrise (coefficient 300 et < 385).

    • 3 mois pour le personnel cadre (coefficient 385) et l'avocat salarié.

  • Renouvellement : Possible une seule fois pour une durée maximale identique, avec accord écrit du salarié avant l'échéance initiale.

  • Rupture à l'initiative de l'employeur (délai de prévenance) :

    • 24 heures (moins de 8 jours de présence).

    • 48 heures (de 8 jours à 1 mois).

    • 2 semaines (après 1 mois et jusqu'à 3 mois).

    • 1 mois (après 3 mois).

  • Rupture à l'initiative du salarié (délai de prévenance) : 48 heures (ramené à 24 heures si moins de 8 jours de présence).


Exécution du Contrat

Secret Professionnel et Confidentialité

  • Le personnel non-avocat est soumis à une obligation de confidentialité renforcée (clients, dossiers, informations). La violation est d'une gravité similaire à la violation du secret professionnel et peut justifier la rupture du contrat.

  • L'avocat salarié est tenu au secret professionnel. Sa violation peut justifier la rupture. Il doit pouvoir exercer dans des conditions garantissant ce secret.

Activité Annexe de l'Avocat Salarié

  • L'avocat salarié peut exercer une autre activité professionnelle compatible à condition d'en informer préalablement l'employeur.

  • L'avocat salarié à temps partiel peut exercer personnellement ou pour un autre cabinet la profession d'avocat s'il en a informé préalablement son employeur, dans le respect du règlement intérieur national et en l'absence de conflit d'intérêts, sans désorganiser l'entité employeuse.

Modification et Poursuite du Contrat

  • Toute proposition de modification doit être formalisée par écrit et donner lieu à un avenant en cas d'acceptation.

  • Le contrat se poursuit en cas de décès/empêchement de l'employeur si la continuité de l'entité est assurée, et en cas de changement de situation juridique de l'employeur.


Rupture du Contrat

Rupture Conventionnelle (Individuelle et Collective)

  • Principe : Rupture par consentement mutuel, exclusive du licenciement ou de la démission. Respect de la procédure légale et de la liberté de consentement.

  • Indemnité : Ne peut être inférieure à l'indemnité légale de licenciement ( du Code du travail).

Licenciement ou Démission

  • Formalisme : Les règles légales s'appliquent pour le licenciement. La démission du salarié doit être formalisée par lettre recommandée avec AR ou remise contre signature, exprimant une volonté claire et non équivoque.

  • Licenciement Économique : Les critères de l'ordre des licenciements sont définis par l'employeur après consultation du CSE (s'il existe), en tenant compte notamment des charges de famille, de l'ancienneté, de la situation sociale (handicap, salariés âgés) et des qualités professionnelles. Le salarié bénéficie d'une priorité de réembauchage d'un an.

Préavis (Hors faute grave/lourde et période d'essai)

Catégorie de personnelAnciennetéDurée du Préavis (Réciproque)
Avocats salariésQuelle que soit l'ancienneté3 mois
Personnel non-avocat (coefficient < 385) ans1 mois
Personnel non-avocat (coefficient < 385) ans2 mois
Personnel non-avocat (coefficient 385) ans2 mois
Personnel non-avocat (coefficient 385) ans3 mois


Rémunération des Avocats Salariés (Chapitre II)

Structure de la Rémunération (Article 53)

  • En raison de l'indépendance de l'avocat et de la liberté dans l'organisation de son temps de travail, les dépassements d'horaire peuvent être inclus dans une convention individuelle de forfait en heures (sur la semaine, le mois ou l'année).

  • Si cette convention inclut des heures supplémentaires, elle doit prévoir les majorations conventionnelles ou légales.

Rémunération Minimale Conventionnelle (RMC) (Article 54)

  • La RMC est fixée annuellement par des accords de branche salariaux.

  • Son montant est distinct en fonction des années d'exercice dans la profession d'avocat (, , , année, et après 5 ans ou pour le titulaire d'une mention de spécialisation).

  • L'employeur doit respecter cette RMC, quels que soient la structure et le mode de rémunération convenus contractuellement.

Rémunération Effective (Article 55)

  • La rémunération effective est payée en 12 mensualités (sauf accord).

  • Si elle comporte une partie variable, l'employeur doit fournir une information complète sur les éléments de sa détermination.

  • Indemnités d'aide à l'intervention (missions d'intérêt public) : L'avocat salarié peut cumuler sa rémunération contractuelle et les indemnisations perçues directement pour ces missions, sauf stipulation contraire dans le contrat. Il peut être convenu qu'il les conserve à titre de défraiement pour les missions effectuées en dehors du temps de travail.


Rémunération du Personnel Non-Avocat (Chapitre III)

Rémunération Minimale Conventionnelle (Article 56)

  • La RMC pour le personnel non-avocat est établie selon la grille de classification de la convention collective.

Complément de Salaire-Formation (CSF) (Articles 57 et 58)

  • Le CSF (anciennement "prime ENADEP") est versé aux salariés ayant validé un ou plusieurs cycles de formation juridico-administrative reconnus par la CPNEFP.

  • Montants (cumulables) :

    • cycle : fois la valeur du point conventionnel.

    • cycle : fois la valeur du point conventionnel.

    • cycle : fois la valeur du point conventionnel.

  • Le complément total maximal est de fois la valeur du point conventionnel.

  • Le CSF s'ajoute au salaire de base et figure sur une ligne spécifique du bulletin de paie ("complément formation").

  • Évolution en cas d'Embauche ou Promotion :

    • Si l'augmentation du salaire de base lors de la prise de poste est au moins équivalente au montant du CSF, le CSF n'est pas appliqué et aucune mention n'est portée sur la paie.

    • Si l'augmentation est inférieure, un CSF partiel est attribué pour atteindre le niveau de rémunération total (ancien salaire de base + CSF complet).

    • Si le nouveau poste ne requiert pas la validation du cycle, le CSF acquis est maintenu.

    • Le salarié doit fournir les justifications nécessaires (justificatifs de réussite, bulletins de paie précédents) pour l'application de ces dispositions.

Treizième Mois (Article 59)

  • Tout le personnel non-avocat bénéficie d'un treizième mois, versé en décembre (sauf accord).

  • Son montant est au moins égal au salaire mensuel le plus favorable de l'année civile (hors rémunérations exceptionnelles).

  • En cas de rémunération variable, il est égal à la rémunération moyenne mensuelle des derniers mois.

  • Il est calculé pro rata temporis en cas d'embauche, de démission, de licenciement, de rupture conventionnelle ou de départ à la retraite en cours d'année.

  • Les absences pour maladie, accident du travail ou maternité sont considérées comme temps de travail effectif pour son attribution.

Prime d'Ancienneté (Article 60)

  • Le personnel non-avocat bénéficie d'une prime d'ancienneté selon un taux croissant avec l'ancienneté dans le cabinet (exemples) :

    • Entre 3 et moins de 6 ans : 3 %.

    • Entre 6 et 7 ans : 6 %.

    • Supérieure à 15 ans : 15 %.

  • Ce pourcentage s'applique sur la rémunération brute (hors primes d'ancienneté et exceptionnelles), dans la limite de fois le salaire minimum mensuel conventionnel de la classification du salarié.

  • Le calcul de l'ancienneté est effectué selon les dispositions de l'article 18 de la convention.