lundi 25 août 2025

Brasseries artisanales : plus besoin de licence pour vendre sa propre production


Depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, une modification majeure de la législation française a bouleversé le cadre juridique des brasseries indépendantes. La loi de finances pour 2025 a en effet exempté les brasseurs de l'obligation de détenir une licence de débit de boissons pour vendre leur propre production. Cette mesure, saluée par l'ensemble de la profession, vise à simplifier les formalités administratives et à encourager le développement des microbrasseries artisanales. 🍻

Un changement législatif de taille

La loi de finances pour 2025 a modifié l'article L.3336-5 du Code de la santé publique. Auparavant, cet article stipulait que toute personne vendant des boissons alcoolisées au détail, même si elles étaient produites sur place, devait être titulaire d'une licence (licence II, III, IV, etc.). Les brasseries devaient donc, en plus des autorisations de production, obtenir une licence de débit de boissons pour vendre directement leurs produits à leurs clients, que ce soit pour une consommation sur place (taproom) ou pour de la vente à emporter.

Désormais, le texte légal précise explicitement que l'exercice de l'activité de débitant de boissons ne concerne que les personnes se livrant à la vente au détail de boissons qui ne proviennent pas de leur propre récolte ou de bières qui ne sont pas issues de leur production. En d'autres termes, un brasseur qui vend exclusivement la bière qu'il a brassée n'est plus considéré comme un débitant de boissons au sens de la loi.

Les implications pour les brasseries artisanales

Cette nouvelle réglementation a des conséquences directes et positives pour les brasseurs indépendants :

  • Réduction des démarches administratives : Les brasseurs n'ont plus à remplir les formalités complexes pour l'obtention et le renouvellement d'une licence de débit de boissons. Cela représente un gain de temps et d'énergie considérable.

  • Économies financières : L'acquisition d'une licence pouvait représenter un coût non négligeable. Bien que variable, le prix d'une licence pouvait atteindre plusieurs milliers d'euros, notamment dans les grandes villes. Cette suppression de l'obligation permet aux brasseries d'investir ces fonds dans le développement de leur production ou l'amélioration de leurs équipements.

  • Simplification du modèle de vente : La vente directe est un modèle économique crucial pour de nombreuses microbrasseries. Cette simplification encourage les brasseurs à créer des points de vente sur leur lieu de production, favorisant ainsi les circuits courts et la proximité avec les consommateurs.

Quelles sont les conditions et les limites de cette nouvelle règle ?

Il est important de souligner que cette exemption s'applique uniquement à la vente de la production propre de la brasserie. Si un brasseur souhaite diversifier son offre et vendre d'autres boissons (vins, cidres, spiritueux, sodas) ou des bières produites par d'autres brasseries, il doit toujours être titulaire d'une licence de débit de boissons. La même règle s'applique pour la vente de produits alimentaires pour la consommation sur place.

Les brasseurs indépendants qui ne vendent que leur propre bière bénéficient de cette dispense, mais ils restent soumis à l'ensemble des autres réglementations en vigueur, notamment en matière de prévention de l'alcoolisme, de protection des mineurs et de respect de l'ordre public. Ils doivent continuer d'afficher les informations légales (tarifs, horaires, avertissements sanitaires) et respecter les heures de fermeture imposées par les réglementations locales.

En conclusion, cette réforme législative marque un tournant pour l'industrie brassicole artisanale en France. Elle allège le fardeau administratif qui pesait sur les petits producteurs, et reconnaît leur statut unique en tant que créateurs de produits, et non pas simplement comme des revendeurs. Elle permet aux brasseries de se concentrer sur leur cœur de métier : le brassage de bières de qualité.

Textes officiels : Loi n° 2025-127 du 14 février 2025 - Art. 68 ; Article L.3336-5 du code de la santé publique (CSP).